A cheval sur deux cultures, je vois avec quelle difficulté les débutants passent de l'anglais au français et vice versa. Que de subtilités ! Que de faux amis, d'exceptions à la règle, de pièges ! Et il s'agit de deux langues cousines et strictement contemporaines. Dans l'Eglise, le prédicateur distille des précisions concernant le temps du verbe en grec ou souligne la richesse intraduisible d'un mot hébreu. Il affirme peut-être que tel mot de la Bible véhicule une notion se situant à l'opposé de notre mentalité occidentale. Derrière le prédicateur, des traductions bibliques, des commentaires, des théologiens éminents transmettent toute une tradition d'interprétation biblique souvent juste, mais parfois contraire au bon sens et à la rigueur linguistique. Car on a pris l'habitude de soumettre les langues bibliques à un traitement qu'on n'infligerait pas à une langue vivante d'aujourd'hui. Généralement, l'équilibre des textes dans leur ensemble corrige la mauvaise interprétation d'un mot seul. Mais parfois, les conséquences sont lourdes. Sylvain Romerowski examine la relation entre le mot et la phrase, teste la valeur de l'étymologie, explique la complexité qui provient du fait qu'un mot peut porter plusieurs sens, ou que plusieurs mots semblent avoir le même sens. Avec érudition, mais avec des exemples accessibles à tous, il n'hésite pas à confronter l'exégèse biblique de tous les milieux aux sciences du langage. Ce livre, unique en français, m'a fait l'effet d'une véritable bombe. Théologiens, biblistes, prédicateurs, étudiants de la Bible : nous en avions besoin !
Gordon Margery 2e édition révisée et augmentée