Disons-le franchement, cet attachant petit personnage, philosophe aux cent questions existentielles, est plutôt «ballot»: il comprend tout de travers, mettant nos illogismes et autres imperfections en lumière, de façon déconcertante, et nous plongeant tour à tour dans l'hilarité ou la perplexité la plus totale !
La guitare en bandoulière, une grave surdose d'immaturité et un coeur de poète rempli d'idéalisme, c'est là tout le bagage de Willy Grunch. Mais, de gag en gag, le personnage évolue et quand il rencontre Jasmine, il est victime d'un coup de foudre retentissant. Qu'importe si la première vision qu'il eut d'elle fut celle d'une fille de ferme poussant une brouette sur un tas de fumier ! Ne dit-on pas que l'amour est aveugle ?
Willy découvre alors l'ivresse de l'amour, puis la trahison, la haine, puis le pardon et son univers s'élargit. Par sa bouche, l'auteur pose cent questions sur la complexité de la sexualité et de la vie en général, puis livre une réflexion qui peut sembler parfois osée :
- Que faire si, bien que ne supportant plus l'odeur de la fumée et de tabac froid qui imprègnent les murs de votre appartement, vous n'arrivez pas à vous arrêter de fumer ?
- Déménagez, répond Willy !
- Quel est ce moteur invisible qui permet aux êtres d'avancer? Et si un jour, ce moteur calait, que se passerait-il ?
- Suffit-il d'offrir des fleurs à l'élue de son coeur pour garantir sa présence à vos côtés ?
- Attention à ne pas confondre la «vie pour de vrai» avec le monde virtuel: un simple clic sur une touche n'a pas le même effet dans l'un ou l'autre ! Le retour à la réalité est parfois frappant ! Willy l'a découvert à ses frais !...
Ces «indécrottables questions» et bien d'autres, ne sont-elles pas celles de toute une génération ?
Sans contraintes, flirtant avec les frontières des "convenances", quoi de moins étonnant quand on est d'un pays qui rassemble tant de cultures différentes ? Alain Auderset a su dessiner une jeunesse qui, si elle parait blasée, est néanmoins, et réellement, en recherche d'un sens à sa vie. Son héros suisse - parfois «zonard», il faut bien l'avouer! -, nous donne juste la clé pour ouvrir la porte d'un autre chemin: à chacun, le choix est laissé, de le longer, de s'y promener simplement, ou de l'explorer plus avant.